La triste fin
de Galswinthe
Voyant que son frère Sigebert avait pris pour épouse la belle princesse wisigothique Brunehaut, Chilpéric fit demander en mariage la soeur de celle-ci, Galswinthe.
Il promit aux ambassadeurs de renvoyer les épouses, qu'il avait déjà, parmi lesquelles la terrible Frédégonde. Le roi des Wisigoths lui envoya donc sa fille, accompagnée de grandes richesses. Chilpéric l'accueillit avec beaucoup d'honneurs. Mais son amour pour Frédégonde, qu'il avait eue auparavant comme femme, provoqua entre eux un grand différend. Comme elle se
plaignait constamment au roi d'avoir à supporter des injures et de ne jouir auprès
de lui d'aucune considération, elle demanda la permission de rentrer librement dans sa patrie en laissant les trésors qu'elle avait apportés avec elle. Le roi, feignant de nier la chose, l'apaisa par
de douces paroles. Finalement il la fit égorger par un esclave et on la trouva morte dans son lit. Quant au roi, après avoir pleuré la morte, il
reprit après quelques jours Frédégonde qu'il épousa... Telle est l'histoire de Galswinthe racontée par Grégoire de Tours.
Frédégonde... Meurtrière en série
Le chroniqueur Grégoire de Tours, au VIe siècle, insiste sur les vices des souverains mérovingiens pour appeler leurs sujets à la vertu.
Les royaumes étant en guerre, la majeure partie du territoire de Chilpéric était tombée aux mains de Sigebert qui, arrivé à la villa de Vitry près d'Arras, se fit proclamer roi à la place de son frère.
C'est alors que deux esclaves, porteurs de couteaux solides, qu'on appelle vulgairement scramasaxes et qui étaient empoisonnés par la reine Frédégonde, le frappent des deux côtés en faisant semblant de vouloir faire autre chose. Mais lui poussant des cris, s'écroula et peu après rendit l'âme.
Ci-contre Frédégonde armant le bras des meurtriers de son beau-frère, Sigebert. Frédégonde serait aussi responsable de l'assassinat de Prétextat, évêque de Rouen, accusé d'avoir accepté de remarier la reine Brunehaut à Mérovée, fils de Chilpéric et d'Audovère. Elle serait également l'instigatrice du meurtre de Clovis, autre fils de Chilpéric et d'Audovère. Mais l'objectivité de notre témoin, Grégoire de Tours, promu à son siège épiscopal par Sigebert, pourrait être contestable. On sait qu'il avait été inquiété, accusé de calomnier la reine Frédégonde, et qu'il avait dû venir se justifier auprès de Chilpéric.
La légende des énervés de Jumières
Clovis II étant prétendument parti en Terre Sainte, ses fils auraient profité de son absence pour se
révolter contre l'autorité paternelle. Après leur défaite, ils auraient été condamnés par leur mère, sainte Bathilde, à avoir les jarrets brûlés. Puis, abandonnés sur un radeau livré à la Seine, ils auraient été emportés jusqu'à l'abbaye de Jumièges et recueillis là par son fondateur, saint Philibert. Les Mérovingiens ont une sinistre réputation. Mais on peut douter de la véracité de toutes les histoires sanglantes souvent inventions médiévales qui leur sont attribuées.
Ainsi la légende des Enervés de Jumièges est née de l'histoire de deux princes relégués par Charlemagne à
Jumièges : le duc de
Bavière Tassilon et son fils. Plusieurs causes faussent notre image des Mérovingiens. La dynastie carolingienne, d'abord, fut toujours hostile à leur mémoire. Ensuite, les peintres du XIXe siècle qui les popularisèrent étaient des romantiques, friands d'exotiques Barbares. Enfin les archéologues, retrouvant des armes dans les tombes, pensèrent longtemps que leurs propriétaires étaient des guerriers belliqueux, au lieu d'y déceler les signes d'un statut social.